samedi 15 janvier 2011

Dans les plaines dorées du Kantô

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Je souhaitais placer avant cette chronique un texte intitulé Gekiga mon amour: des "faux mangas" de Jirô Taniguchi aux "innombrables images" d'Ishinomori où je défends un courant encore trop peu connu de la Bande Dessinée japonaise. J'ai préféré le publier comme un sujet indépendant sur notre site internet (il est accessible via ce lien: Gekiga mon amour). L'ouvrage La Plaine du Kantô me semble être une porte d'entrée parfaite pour celles et ceux qui voudraient découvrir ce qui fait la force du "gekiga" et explorer la forêt cachée derrière l'arbre Taniguchi... Nicolas
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Notre chronique: Il existe de nombreux récits initiatiques mais rares sont ceux qui évoquent en parallèle et avec autant de sensibilité le passage d'un enfant à l'âge adulte et celui de toute une nation à une ère nouvelle de son hisoire. Avec le premier volume de sa trilogie La Plaine du Kantô, Kazuo Kamimura nous livre le témoignage intime de ce à quoi ressembla sa jeunesse au lendemain de la reddition du Japon en août 1945. Au travers du regard de Kinta, un jeune orphelin de sept ans, il nous donne à voir l'effondrement d'un Empire qui s'isola plusieurs siècles avant d'être pris par une fièvre expansionniste violente et aveugle. Une fois passée la période d'incrédulité liée à l'inconcevable défaite, la population japonaise voit son sol foulé par l'occupant américain. Le soleil levant dessine un nouvel horizon sur les vastes pleines dorées du Kantô, un horizon qui s'ouvre sur des territoires inconnus et autrefois interdits. Auprès de son grand-père romancier et des amis libertaires qui lui rendent visite, le jeune Kinta sera initié à des valeurs et des idées bannies par l'ancien régime totalitaire. Le Désir, si longtemps réprimé, inonde alors les plaines comme un torrent impétueux libéré par la rupture d'un barrage. Hommes et femmes sont possédés par l'envie de vivre plutôt que survivre; ils s'enflamment jusqu'à se consumer parfois. Alors que des drames cruels et passionnels se jouent autour de lui, Kinta plonge à son tour dans les eaux troubles d'un nouvel âge. Sa jeune voisine Ginko lui fera connaître ses premiers émois. Elle lui fera découvrir ces émotions complexes et équivoques que le trait élégant et épuré de Kazuo Kamimura retient ou libère au fil d'un récit habité.
Avec La Plaine du Kantô, les éditions Kana nous offrent l'une des oeuvres les plus remarquables du regretté auteur de Lady Snowblood et de Lorsque nous vivions ensemble. Comme dans le premier tome de Persepolis de Marjane Satrapi, Kazuo Kamimura saisit combien "un seul individu est très universel". Il isole la voix du jeune Kinta pour évoquer les bouleversements d'un lieu et d'une époque et la faire résonner au-delà de ce contexte pour toucher à ce qui tient de l'essence de la condition humaine. Il signe un chef-d'oeuvre du "gekiga" à ranger tout près de L'homme sans talent de Yoshiharu Tsuge et des Larmes de la bête de Yoshihiro Tatsumi. Nicolas
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La Plaine du Kantô, volume 01 de Kazuo Kamimura, Kana (Sensei), 14.40€ (au lieu de 18.00€)
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- Une présentation audio de la mythique revue GARO (et du "gekiga") par l'historien Erwin Dejasse est disponible sur cette page.
- Une présentation des ouvrages de Kazuo Kamimura sur le site des éditions Kana.
- Notre chronique de Kamui den volume 1 de Sanpei Shirato.
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