vendredi 27 juin 2014

Nos chroniques de "Le Tirailleur" de Piero Macola et Alain Bujak et de "Dame Un Beso" d'El don Guillermo

Au-delà de Gibraltar
 
Le Tirailleur de Piero Macola et Alain Bujak
Enrôlé de force dans l’armée française, ballotté entre les champs de bataille de la seconde guerre mondiale, d’Indochine ou sa caserne au Maroc, puis obligé de retourner vivre en France pour pouvoir toucher sa maigre pension de militaire, tel fut l’âpre destin d’Abdesslem, ancien tirailleur marocain. Avec Le Tirailleur, les auteurs livrent un témoignage sobre, émouvant et graphiquement superbe sur l’histoire particulière de cet homme qui lutta pour sa dignité et pour retourner, un jour, vivre auprès des siens! (Philippe)  
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Dame Un Beso d’El don Guillermo
Deux hommes, amis de longue date et aujourd’hui en couple, retournent en Espagne sur le lieu de vacances de leur enfance. Leur retrouvaille fortuite avec Cristina, la fille dont ils étaient tous deux amoureux à l’époque, fait naître entre eux une rivalité incongrue. Petit à petit, le triangle amoureux sort la tête hors du sable. Entre fantasmes et souvenirs, Dame Un Beso est un beau voyage « mélancomique » dans une Espagne désertée d’entre-saison. A lire au grand air à la plage ou chez soi les rideaux tirés. (Pascal)
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Le Tiralleur de Bujak et Macola , Futuropolis, 17.10€ (au lieu de 19.00€)
Dame Un Beso d’El Don Guillermo, Misma, 18.00€ (au lieu de 20.00€)

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Nos chroniques du second tome de "Virginia" de Séverine Gauthier et Benoît Blary et du premier tome de "Save me Pythie" d'Elsa Brants

Visions et Oracles
 
Virginia t.2 de Séverine Gauthier et Benoît Blary
Pendant la Guerre de Sécession, le jeune Doyle, tireur d’élite chargé d’abattre un général nordiste, se voit contraint d’également tuer la petite fille de l’officier. Rongé par la culpabilité et le remords, Doyle déserte et fuit l’armée confédérée. Mais la petite fille lui revient sous forme de visions et Doyle sombre dans l’alcool et la morphine pour tenter d’oublier ses démons intérieurs. Virginia, une trilogie sensible et prenante qui nous emmène dans l’envers du décor de la Guerre de Sécession, au milieu d’un groupe d’anti-héros, victimes collatérales ou acteurs du conflit, en quête d’un ailleurs ou de rédemption. (Philippe)  
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Save me Pythie t.1 d’Elsa Brants
Pour avoir refusé les avances d’Apollon (et pour lui en avoir collé une bonne au passage), Pythie est maudite par ce dernier. Sa malédiction lui fait voir les catastrophes mais empêche quiconque de la croire. Sur la route, elle croise Zeus qui lui demande de veiller sur Xanthe, l’un de ses rejetons illégitimes. Le jeune garçon n’a qu’un but dans la vie ; devenir un héros. C’est sans compter sur Héra qui, jalouse et en colère des frasques de son mari, décide de mettre des bâtons dans les roues de Xanthe. Pythie devra, grâce à ses prédictions, permettre à Xanthe de survivre jusqu’à ce que son rêve se réalise.
Ayant commencé à dessiner très jeune, c’est en tant que coloriste qu’Elsa Brants fait ses débuts dans le monde de la bande dessinée. On compte parmi ses travaux Les Chroniques de MagonNanami ou encore Weëna. Jusqu’au jour où son talent lui permet d’offrir aux enfants Lily, une BD muette éditée chez Dupuis. Avec Save me Pythie, Elsa Brants nous propose un savoureux mélange de bande dessinée franco-belge et de manga et un univers particulièrement drôle qui m’aura fait rire du début à la fin. Un pari gagnant ! (Aurely)
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Virginia tome 2 de Blary et Gauthier, Casterman, 12.40€ (au lieu de 15.50€)
Save me Pythie tome 1 d’Elsa Brants, Kana, 6.00€ (au lieu de 7.45€)

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Notre Revue de Presse (fin juin 2014)

BARTKIRA est un surprenant projet participatif dont l’objectif est de proposer une relecture complète du manga Akira de Katsuhiro Ôtomo mais en remplaçant les personnages originaux par ceux du dessin animé des Simpsons ! Le premier chapitre est déjà visible sur ce lien. Harvey James nous propose également un gif animé dans lequel le divan des Simpsons est remplacé par la moto de Kaneda!
A l’occasion de la 9e édition du Lyon BD Festival, l’exposition Héro[ïne]s : H/F dans la BD proposait de nombreuses illustrations où des personnages emblématiques masculins de bande dessinée étaient réinterprétés dans un version féminine. La Buck Danielle de Jean-Yves Ferri, la Coco Maltese d’Hélène Becquelin, la Gastonne de Lucie Albon et bien d’autres sont présentées sur cette page.
Pour le plaisir des yeux, rien de tel qu’un petit Tac au Tac réunissant les dessinateurs Neal AdamsJean Giraud et Joe Kubert autour d’une planche à dessin en 1972 !
L’émission Radio GrandPapier du 18 juin est désormais en ligne (et téléchargeable en podcast) sur cette page. Au menu : des chroniques, une sélection « jeunesse » et un invité de marque en la personne de Herr Seele, auteur –avec Kamagurka- desCowboy Henk et de l’Histoire de la Balgique (pour tous). La rubrique « Ma Vie en / » est elle consacrée à la présentation d’Electricomics, le projet d’application de bande dessinée numérique lancé par Alan Moore et Mitch Jenkins, ainsi que du récit transmédia LEVEL de Victor Hussenot et du webcomic anxiogène Le Portail de Thomas Mathieu et Martin Wautié.
Un copieux entretien avec Victor Hussenot vient par ailleurs d’être publié sur cette page du site du9.

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Nouveautés FUNKO "Ghostbusters" et "Pulp Fiction" (fin juin 2014)

 
Nous avons rentré récemment plusieurs figurines POP! MOVIES. Il y a tout d’abord la série GHOSTBUSTERS avec le Dr. Peter Venkman, le Dr. Egon Spengler, le Dr. Raymon Stantz et enfin le Stay Puft Marshmallow Man. Il y a également la série PULP FICTION avec les personnages de Mia WallaceVincent Vega et Jules. Toutes ces figurines en vinyl sont au prix de 14.95€/pièce à l’exception du Stay Puft qui est au prix de 20.50€ (car plus grand que les autres personnages).
 
Signalons également la sortie de la scène Le Cosmoschtroumpf  et le Village Schlips de Peyo chez Pixi. Cette pièce de collection (en plomb peint à la main) est limitée à 250 exemplaires et est vendue au prix de 835.00€.

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Quelques parutions récentes (fin juin 2014)

Trolls de Troy tome 18 d’Arleston et Mourier, Soleil, 11.60€ (au lieu de 14.40€)
Servitude livre 4 de Bourgier et David, Soleil, 12.00€ (au lieu de 14.95€)
LastMan tome 5 de Balak, Sanlaville et Vivès, Casterman, 11.30€ (au lieu de 12.50€)
(Wunderwaffen présente) Zeppelin’s War tome 1 de Nolan et Villagrasa, Soleil,12.00€ (au lieu de 14.95€)
Les Reines de Sang – Isabelle, la Louve de France tome 2 de Gloris, Gloris et Calderon, Delcourt, 12.00€ (au lieu de 14.95€)
La Fille de Paname tome 2 de Kas et Galandon, Le Lombard, 13.20€ (au lieu de 16.45€)
Le Cinquième Evangile tome 4 d’Istin et Dellac, Soleil, 12.00€ (au lieu de 14.95€)
Arq tome 17 (Rêves 2) d’Andreas, Delcourt, 11.60€ (au lieu de 14.40€)
Billy Bat tome 11 de Naoki Urasawa et Nagasaki, Pika, 6.70€ (au lieu de 8.30€)
XIII Mystery tome 7 (Betty Barnowsky) de Callède et Vallée, Dargaud, 9.60€ (au lieu de 11.99€)
Sillage : Premières Armes tome 1 de Morvan, Buchet et Pierre-Mony Chan, Delcourt,12.00€ (au lieu de 14.95€)
Samurai tome 9 de Di Giorgio et Genêt, Soleil, 11.60€ (au lieu de 14.40€)
Saga Valta tome 2 de Dufaux et Aouamri, Le Lombard, 11.60€ (au lieu de 14.45€)
Fairest tome 2 de Willingham, Beukes, Miranda et Kitson, Urban Comics, 13.50€ (au lieu de 15.00€)
Elfes tome 6 d’Istin et Duarte, Soleil, 12.40€ (au lieu de 15.45€)
Alter Ego Saison 2 tome 3 (Gail) de Renders, Lapière, Reynès, Bénéteau, Elias et Erbetta, Dupuis, 9.60€ (au lieu de 12.00€)
Les Gardiens de la Galaxie tome 1 de Bendis, McNiven et Pichelli, Panini Comics,14.00€ (au lieu de 15.45€)
Cassio tome 8 de Desberg et Reculé, Le Lombard, 9.60€ (au lieu de 12.00€)
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mercredi 4 juin 2014

Séance de dédicaces: HERR SEELE pour "Histoire de la Belgique (pour tous)

Histoire de la Belgique (pour tous)
Nous aurons le plaisir de recevoir l'auteur flamand HERR SEELE pour une séance de dédicaces de l’album Histoire de la Belgique (pour tous) racontée par Cowboy Henk (éditions Frémok) ce mercredi 18 juin 2014  entre 15h00 et 18h00 !
Les inscriptions à cette séance de dédicaces se font par courrier électronique à l’adresse info@multibd.com ou directement au comptoir de la librairie.

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Nos chroniques de la série "L'Homme qui n'aimait pas les armes à feu" et du manga "Sex and Fury"

Colt Remington contre Katana

L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu (tome 3) de Wilfrid Lupano et Paul Salomone
Depuis plusieurs mois, Wilfrid Lupano fait feu de tout bois ! Fable satirique (Le Singe d’Hartlepool), polar décalé (Ma révérence) ou comédie de mœurs grinçante (Les Vieux Fourneaux), Wilfrid Lupano touche à tous les sujets avec le même talent. Si sa recette est désormais connue (des personnages bien campés et truculents, des dialogues savoureux, un récit original et engagé), elle fonctionne à nouveau pleinement dans L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu. Dans ce western spaghetti atypique, Lupano nous entraîne dans une course-poursuite explosive pour la possession d’un document sur le fameux deuxième amendement qui autorise les Américains à porter des armes. Byron Peck parviendra-t-il à récupérer les lettres de Madison et à bouleverser le destin de l’Amérique ?
L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, un récit (3 tomes parus) drôle et jouissif pour évoquer un sujet régulièrement (et tristement) d’actualité aux Etats-Unis. (Philippe)
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Sex and Fury de Boten Taro
Une partie des récits de Bonten Taro, mangaka et tatoueur réputé, nous transporte dans le monde interlope de la pègre, étroitement lié –au Japon– au tatouage. Des histoires, peuplées de yakuzas typés et de femmes tatouées pulpeuses, qui entremêlent cruauté, sexe et vengeance ! Mais la sélection de Sex and Fury regroupe également des récits d’horreur ou de guerre décalés et intéressants. Entre sang-froid et folie, entre sexe et fureur, Sex and Fury présente un bel aperçu de l’œuvre foisonnante et bouillonnante mais largement méconnue de Bonten Taro, présentée dans ce superbe ouvrage !! A découvrir ! (Philippe)
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L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu tome 3 de Wilfrid Lupano et Paul Salomone, Delcourt, 11.60€ (au lieu de 14.40€)
Sex and Fury de Boten Taro, Le Lézard Noir, 26.10€ (au lieu de 29.00€)

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Nouveautés POP! MARVEL (début juin 2014)

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Nous avons rentré récemment plusieurs figurines POP! liées à l’univers cinématographique Marvel : Spider-Man et Electro version The Amazing Spider-Man 2l’agent Coulson présent dans The AvengersThor et Agents of S.H.I.E.L.D. ainsi que Captain AmericaBlack Widow et Winter Soldier version Captain America : The Winter Soldier. Ces figurines en vinyl sont vendues au prix de 14.95€/pièce. 

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Notre Revue de Presse (début juin 2014)

 
Serge Gainsbourg évoque son rapport à la bande dessinée dans ce film d’archives de 1982 alors qu’Yves Chaland évoque sa passion pour la Belgique dans l’émission L’Impeccable en 1983 avec Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manœuvre.
Le jeune auteur tasmanien Simon Hanselmann (notre chronique de son Megg, Mogg and Owl : Maximal Spleen) fait beaucoup parler de lui (et à raison). On retrouvera une chronique de son album paru chez Misma sur le site de du9.org ainsi qu’un entretien-fleuve avec l’auteur sur le site du Comics Journal.
Retrouvez tous les morceaux de musique évoqués dans la série LOCAS de Jaime Hernandez sur cette playlist savamment composée!
L’émission Radio GrandPapier du 21 mai est désormais en ligne (et téléchargeable en podcast) sur cette page. Au menu : des chroniques, une rubrique « jeunesse » consacrée à l'illustratrice Iela Mari et un invité de marque en la personne de David Vandermeulen, auteur entre autres de la série Fritz Haber. La rubrique « Ma Vie en / » est consacrée à la présentation de la jeune et talentueuse auteure thaïlandaise Tuna Dunn et d’un manga drolatique et inventif publié via Twitter!

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Quelques parutions récentes (début juin 2014)

Walking Dead tome 20 (en français) de Charlie Adlard et Robert Kirkman, Delcourt,13.00€ (au lieu de 14.40€)
D. tome 3 de Bruno Maïorana et Alain Ayroles, Delcourt, 12.40€ (au lieu de 15.45€)
Prométhée tome 10 de Christophe Bec et Stefano Raffaele, Soleil, 11.60€ (au lieu de 14.40€)
Prince Dickie (volume 5) de Pieter De Poortere, Glénat, 15.30€ (au lieu de 17.00€)
 
IRS Team tome 3 de Stephen Desberg et Daniel Koller, Le Lombard, 9.60€ (au lieu de 12.00€)
IRS Team tome 4 de Stephen Desberg et Marc Bourgne, Le Lombard, 9.60€ (au lieu de 12.00€)
Magnum Photos #01 : Robert Capa – Omaha Beach, 6 juin 1944 de Jean David Morvan et Dominique Bertail (avec des photographies de Robert Capa), Dupuis,14.00€ (au lieu de 15.50€)
L’Aviatrice tome 1 de François Walthéry et Di Sano, Paquet, 12.20€ (au lieu de 13.50€)
Griffe Blanche tome 2 de Serge Le Tendre et Olivier Taduc, Dargaud, 11.20€ (au lieu de 13.99€)
Ciel de Guerre tome 1 de Philippe Pinard et Olivier Dauger, Paquet, 12.20€ (au lieu de 13.50€)
Ultimate Ultimex (intégrale) de Gap, Vraoum, 26.00€
Carnation de Xavier Mussat, Casterman, 22.50€ (au lieu de 25.00€)
Le Sang des Lâches tome 1 de Jean-Yves Delitte, Casterman, 10.80€ (au lieu de 13.50€)
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Certaines réductions pourront être soumises à des modifications ultérieures.

mardi 3 juin 2014

DOSSIER COMICS #01: GRANT MORRISON

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La réédition de l’incontournable Batman - Arkham Asylum de Grant Morrison et Dave McKean (ce 13 juin), du Justice League: L'Autre Terre de Grant Morrison et Frank Quitely (ce 20 juin) et la parution le mois passé des deux derniers tomes (#00 et #08) de la collection Grant Morrison présente Batman chez Urban Comics nous offrent l’occasion d’évoquer les 25 ans de carrière d’un scénariste écossais qui n’a cessé de repousser les limites du médium bande dessinée et de réinventer les multiples univers des superhéros.
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Grant Morrison, originaire de Glasgow, est né en 1960 et fait partie de la «Génération X», génération qui suit celle des baby-boomers de l’après-guerre. Comme Alan Moore (de 7 ans son aîné), il grandira donc durant l’ère Thatcher et développera rapidement une critique acerbe à l’encontre du Parti Conservateur de la Dame de Fer. Dès 1987, dans les pages de la prestigieuse revue anglaise 2000AD où travaillèrent également Alan Moore, Neil Gaiman et Brian Bolland, Grant Morrison va lancer une saga de super-héros qui fustige le Thatchérisme en proposant une analyse des différences générationnelles et en jouant avec des éléments de culture populaire et de contre-culture. Mais cette série baptisée Zenith est aussi une réaction aux deux grands récits de «superhéros tourmentés» qui viennent de paraître aux Etats-Unis. En 1986, l’américain Frank Miller a en effet publié son Batman - Dark Knight Returns et les anglais Alan Moore et Dave Gibbons ont proposé leur Watchmen. A la suite des Daredevil de Miller et des Swamp Thing d’Alan Moore, ces deux ouvrages vont cristalliser une approche du récit de superhéros qui sera imitée (avec plus ou moins de succès) durant près de 20 ans. Cette déconstruction, souvent cynique, de la psyché des personnages, de leur mythe, des valeurs morales et politiques qu’ils incarnent, va mener à un assombrissement des héros qui se feront amers, vieillissants, «à bout de souffle». Pour Frank Miller, la tristesse de son Dark Knight «n’est pas déprimante ; elle se rapproche plus d’un tourment wagnérien menaçant». C’est dire… Grant Morrison, alors âgé de 26 ans, apprécie le Dark Knight Returns et les Watchmen mais il les trouve cependant «pompeux» et «trop marqués en tant qu’albums-concepts». Lorsqu’à la suite d’Alan Moore il sera découvert par les éditeurs américains, Grant Morrison poursuivra cette critique aux Etats-Unis dans son propre récit de Batman. En 1989, avec la complicité du dessinateur anglais Dave McKean, il propose le roman graphique Arkham Asylum : A Serious House on Serious Earth, dans lequel Batman parcourant l’Asile d’Arkham sera confronté à tous ses démons intérieurs mais, de manière générale, à l’ensemble de sa psyché. Pour Grant Morrison, les thèmes de cet album «sont inspirés de Lewis Carroll, de la physique quantique, de Carl Jung et d’Aleister Crowley. Son style visuel est inspiré du Surréalisme, de Jean Cocteau, d’Antonin Artaud, de Jan Svankmajer, des frères Quay… L’objectif était de concevoir quelque chose qui tiendrait du morceau musical ou du film expérimental plus que de l’aventure-type de bande dessinée. Je voulais envisager Batman du point de vue de l’hémisphère cérébral irrationnel, émotionnel et onirique dans une réponse au traitement très littéral, très réaliste tenant de l’hémisphère gauche et qui était vogue à l’époque dans les récits de superhéros comme le Dark Knight Returns, les Watchmen et d’autres…». Je rappellerai ici, et même si cela est encore discuté scientifiquement, que certains considèrent l’hémisphère gauche comme le centre de la logique, du langage et du raisonnement et l’hémisphère droit comme le lieu de la création, de l’émotion et de l’intuition.
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Tout au long de sa carrière, Grant Morrison semblera privilégier cette approche de «l’hémisphère droit»  en ne cessant de se livrer à des expérimentations narratives au cœur-même de récits de super-héros. En 1988, un peu avant son Arkham Azylum mais déjà pour l’éditeur américain DC Comics, l’auteur s’était fait remarquer sur sa reprise de la série Animal Man mettant en scène un superhéros (désuet à l’époque) qui a la capacité d’emprunter aux animaux leurs capacités physiques particulières… Lors d’un épisode de cette série assez délirante où le scénariste milite contre la vivisection et l’abattage des animaux, le personnage d’Animal Man se retrouvera dans la maison de son auteur, Grant Morrison, et discutera avec ce dernier de son statut de «créature». Au-delà de cette mise-en-abyme surprenante, Grant Morrison exploitera également des techniques expérimentales dans sa reprise de la série Doom Patrol mettant en scène une équipe de super-héros névrosés (certains ont des personnalités multiples ou perdent la raison suite à la disparition complète de leurs sens), à qui l’on fait appel pour affronter des situations  ou des ennemis  tellement insensés ou horribles qu’ils semblent être les seuls à pouvoir y faire face… Pour exemple, ils se battront contre la «Confrérie du Dada», un groupe anarchiste qui lutte contre la Réalité et la Raison. Cette référence au mouvement d’avant-garde dadaïste prônant un jeu avec les conventions et les convenances et une recherche d’une libération du langage n’est pas innocente.  Grant Morrison utilisera durant cette série des techniques d’écriture automatique mais aussi de «cut-up», découpant un texte au hasard puis le réarrangeant pour produire un texte nouveau. Pour un récit publié en Angleterre, il construira même un scénario en mélangeant méditation, méthodologie scientifique et occultisme (en utilisant par exemple une planchette «ouija»).
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A côté de ces approches expérimentales passionnantes et souvent très réussies, Grant Morrison brille également par sa capacité à saisir ce qui fait l’essence d’une série ou d’un personnage lorsqu’il est chargé de les reprendre et de les revitaliser. Arnold Drake, co-créateur de Doom Patrol, dira par exemple que Grant Morrison fut le seul scénariste à avoir repris cette série en ayant compris l’esprit qui l’animait à ses débuts. Après six ans passés sur The Invisibles, sa série-phare qui explore comme Zenith politique, culture populaire et contre-culture, le scénariste écossais se verra ainsi confier la revitalisation de la série X-Men chez Marvel Comics sous le titre NewX-Men. En 2000, avant de s’attaquer à ces personnages avec son compatriote écossais Frank Quitely au dessin, Morrison publiera un véritable manifeste dans lequel il analyse ce que représentent les X-Men et ce qui est à l’origine de leur succès. Il veut saisir leur «ADN» et décide de s’inspirer de Chris Claremont qui scénarisa les Uncanny X-Men durant 17 ans et les rendit très populaires en partie grâce à son travail sur l’humanité des personnages, leurs aspirations, leurs désirs et leurs relations sentimentales.  Avec cette approche inspirée et plus lumineuse, Morrison réussit son pari et redonne aux X-Men leur gloire passée en les replaçant en tête des ventes américaines. Cet énorme succès commercial lui offre de nouvelles opportunités et le surnom de « rewrite guy » (« le gars qui réécrit ou repense les univers »). A nouveau avec Quitely, il revisite Superman, le super-héros le plus convoité dans la profession, avec une approche similaire. Comme le racontait le responsable éditorial d’Urban Comics, Morrison aperçoit un jour lors d’un festival un homme un peu bedonnant, déguisé en Superman et allongé dans l’herbe au soleil. Cette vision lui donne l’idée d’envisager Superman comme un personnage tellement puissant et invulnérable qu’il n’aurait rien à craindre et serait donc totalement détendu. Son Superman (dans All-Star Superman), d’une décontraction inhabituelle, un peu bonhomme, est en rupture totale avec la vision en cours depuis le milieu des années 80. A nouveau, Morrison opte pour un héros lumineux, comme aux premières heures de sa création en 1938. Face aux héros «à bout de souffle» du Dark Knight Returns et des Watchmen, il propose un nouveau souffle, épique, divertissant, mais sans jamais négliger ses réflexions sur le médium ni sur l’importance des super-héros en tant que vecteurs d’idéologies politiques. Pour sa reprise de Batman, dont il a tenu les rênes de 2006 à 2013, le scénariste écossais optera pour une vision bien différente de celle qu’il avait proposée pour son Arkham Azylum. Il refusera le Batman solitaire et torturé mais exhumera des dizaines de personnages totalement oubliés depuis des décennies pour former une équipe de superhéros profondément décalés autour du Chevalier Noir. Dépoussiérant tout l’univers de Batman, réutilisant des concepts que l’on croyait éculés, revenant au contraste fort entre l’obscurité et les couleurs « flashy » et « pop art » de Robin et du Joker, Grant Morrison fait renaître le «Grotesque» et avec lui un macabre génial, dérangeant et ravageur. Cette immense fresque, véritable reconstruction salutaire d’un univers après la déconstruction du Dark Knight Returns et des Watchmen, est désormais complète dans une édition française sous le titre Grant Morrison présente Batman chez Urban Comics, éditeur qui a l’idée brillante de publier la saga de manière chronologique et dans une collection particulière, allant ainsi au-delà de l’édition américaine originale très difficile à suivre dans de multiples albums isolés.
Voilà qui conclut le dossier consacré à Grant Morrison, scénariste brillant et engagé qui parvient à la fois à faire un travail de pionnier dans le domaine de l’expérimentation en bande dessinée et à nourrir et enrichir des univers a priori plus «mainstream» du fruit de ses multiples expériences narratives. Je ne saurais donc que vous conseiller de découvrir le travail de cet auteur bien moins connu que celui d’Alan Moore mais pourtant tout aussi important. (Nicolas Verstappen)
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A découvrir également de Grant Morrison et Frank Quitely; l'incontournable WE3 qui fut notre "Comics de l'Année 2012"!
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(Ce dossier fut d'abord présenté dans la rubrique Hell and Back de l'émission Radio GrandPapier)

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